Marathon de La Rochelle 25 novembre 2018

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2 défimen en déplacement en Charente-Maritime pour le 2ème marathon français, dans des conditions dantesques !
Elodie :
« 14 semaines d’entraînement plutôt ardues, pratiquement 800 km, la plus grosse sortie 28 km, 2 week-ends à 42 km, avec l’arrivée du mauvais temps et du changement d’heure, de plus en plus compliqué de s’entrainer…. il a fallu jongler….et tout ça pour un objectif : passer sous les 3h45….Il s’agissait aussi de me prouver que je pouvais battre mon record (3h47:51) datant de mai 2016, du temps où je carburais encore aux glucides, mais cette fois à jeun, en ne buvant que de l’eau jusqu’à l’arrivée !
Nous nous présentons donc à La Rochelle vers 7h30, le temps est pluvieux, froid, et très venteux…. On nous annonce des rafales à 70 km/h ce qui ne va pas nous faciliter la tâche…. vers 8h30 on laisse le gros de nos vêtements au camion vestiaire, et on enfile les tuniques en sacs poubelles….on s’échauffe quelque peu, et on se place dans le sas afin de tenter, en vain, de se réchauffer. La pluie commence à tomber….à la bonne heure….Vivement le départ qu’on se réchauffe un peu ! Philippe me conseille de partir doucement pour me faire rattraper par le ballon des 3 h45 qui est bien derrière, et de me cacher du vent au maximum dans le peloton qui va se former autour de lui. ça tombe bien, maintenant que je carbure au lipides, je suis comme un diesel !
Départ à 9 h, la foule des coureurs est compacte, il faut faire gaffe, les premiers km un poil trop rapides, mais je n’y peux pas grand chose…. la première ligne droite en plein vent de face, du coté des minimes est terrible, le vent est glacial et tempétueux, j’ai peur de ne jamais me réchauffer…je laisse passer le ballon des 3h15 (sans regret lol), puis passe le ballon des 3h30 que j’essaye de suivre tant que le vent est de face, mais je laisse vite tomber, c’est trop vite pour moi, je vais y laisser trop d’énergie. Je me cale finalement en vitesse de croisière 5min 15 au km. L’avantage de La Rochelle, c’est qu’on tourne beaucoup, et qu’une bonne partie est en pleine ville, il faut donc serrer les dents quand le vent est vraiment gênant, mais ça ne dure jamais très longtemps.
10km en 52 min, impeccable, retour par le centre ville, je me dis qu’il faudrait checker ma glycémie mais non, tant pis, la flemme, je sais qu’elle est montée et que je ne risque pas l’hypoglycémie. Au final je ne me soucierais ni de la glycémie, ni du cardio pendant toute la course.
La pluie s’est arrêtée c’est déjà pas mal, au final on aura au moins été épargnés de ce côté là.
La première difficulté du parcours, un faux plat montant de 1,5 km en plein vent de face, ça passe bien, mais je sais que la prochaine fois ça sera plus dur puisqu’après 30 km (le parcours consiste en 2 boucles de 21 km).
Semi marathon en 1h50 toujours impeccable, j’ai quelques min d’avance sur mon planning, mais j’ai pas l’impression d’avoir forcé donc je temporise, mais sans plus. jusque là je me suis faite énormément doubler… et on part pour la deuxième boucle. à chaque ravito je prends un gobelet d’eau, et prend garde à bien réchauffer l’eau dans la bouche avant d’avaler, elle est glaciale.
Deuxième boucle du côté du port des minimes, puis retour vers le centre, on est déjà au 28ème, je commence à me lancer dans des calculs (ai-je fais les 2/3 ? ….).
J’entame pour la deuxième fois le fameux faux plat montant prudemment en raccourcissant la foulée, mais ça va plutôt bien, je ne perds que quelques secondes, et je commence à doubler pas mal de concurrents ce qui est bon pour le moral. Et puis surtout, après tout ça, on est déjà au 35ème. j’accélère légèrement, en restant prudente (on peut avoir une défaillance à tout moment dans les 7 derniers km), mais je sais que le plus dur est derrière moi, les 7 derniers km sont plus faciles, avec des faux plats descendants….La foule est de plus en plus dense pour nous encourager, c’est magnifique. La plupart des coureurs ont énormément ralenti, certains s’arrêtent même, et moi je sens que je peux encore accélérer, même si mes jambes sont douloureuses depuis le 35ème. Je passe sous une arche qui annonce le début du dernier km, une impression de fendre la foule dans la rue du palais, passage sous la grande arche, puis entre les deux tours, je me permets même de sprinter sur les derniers 100 m !
3h41:50 2000ème au scratch sur 6000 et 68ème V1F
Je retrouve Philippe qui a abandonné au 30ème, complètement congelé, on n’était clairement pas assez couverts. Je savoure mon arrivée, ma médaille, je n’en reviens pas d’avoir fait aussi vite sur le deuxième semi que sur le premier, et commence à me dire que 3h40 est sans doute possible, avec de meilleures conditions et une une bonne prépa du coach ! Un marathon à jeun c’est donc possible, même quand on est diabétique ! Aucun mur, aucune perte d’énergie, c’est formidable »
Philippe :
« Pour ma part, un retour sur une distance marathon après 4 ans de pause. Samedi matin, la traditionnelle sortie d’une demi heure pour tester les jambes pour une petite mise en train du lendemain. Les sensations sont là ! Seule interrogation, les conditions météorologiques du lendemain qui s’annoncent peu favorables. Dimanche matin, nous voilà bien placés dans le sas de départ. Le ballon des 3 heures est à 50 m devant moi. Comme redouté, il fait froid, il y a du vent, et il pleut ! Le départ est donné. Après un piétinement sur une cinquantaine de mètres, je me dégage de la foule afin de rejoindre au plus vite le meneur d’allure 3h, ce que je fais au 2ème km. Nous sommes en ville et un gros peloton entoure le meneur d’allure. Nous discutons et pour l’instant les rafales de vent ne se font pas trop sentir. Nous passons au 10ème km, le meneur d’allure fait son travail, 20 s d’avance, mais nous abordons une partie faux plat montant, avec de fortes rafales vent de face. Ce vent humide renforce un sentiment de froid et j’essaye de me protéger au coeur du peloton des 3h.  Le 16ème km arrive et je commence à avoir froid aux jambes. Cela n’annonce rien de bon. Je reste avec le ballon des 3h, mais au 19ème je suis frigorifié. j’essaye de me réchauffer comme je peux mais rien n’y fait, et cela entame mon envie et mon moral. Au 20è km je commence à ralentir et le ballon des 3h s’éloigne gentiment. Je laisse passer l’orage, me cale en 4min20 au km mais rien n’y fait, je sens que les jambes ne répondent plus. En vieux briscard, je sais déjà que je ne suis plus dans mes objectifs et ce qui entame encore plus mon moral, c’est que je sais que je vais droit dans la galère. Je passe au semi avec seulement 1min20 de retard sur mon objectif, ce qui n’est pas rédhibitoire, mais je ne suis plus dans le rythme. 4:30, 4:40 au km, j’ai froid, et plus je freine, plus j’ai froid….je décide de continuer avec l’arrière pensée d’attendre Elodie afin de l’accompagner sur les 10 derniers km. Je freine encore volontairement mais je suis congelé. au 27ème km, je vois une pancarte « poste de secours à 1km » et je décide de jeter l’éponge. Je me réfugie auprès du personnel de la croix rouge qui me donne une couverture de survie. Le marathon s’arrête là pour moi. Aucun regret sur mon plan d’entrainement, confirmé par la très belle performance de ma douce, j’ai fait le métier. Après analyse, je pense qu’une grosse partie de cet échec est du à une erreur de tenue vestimentaire. Avec le choix de ce marathon j’avais, au mois de juin, souligné deux inconnues : l’une concernait le respect du plan d’entraînement malgré le changement d’heure et les conditions météo qui pouvaient se dégrader, mais également la météo du jour J. J’avais vu juste sur cette deuxième variable. Au moins deux points positifs : une perte de 6 kg sur ces 14 semaines d’entrainement, et pas de blessure. Sur la 15aine de marathon que j’ai couru, c’est mon premier abandon. Il en faut un un jour, mais je ferai mieux la prochaine fois. »
Sud Ouest du 26 novembre 2018